Concert de l’artiste Malakey… Des voleurs ouvrent un parking fictif pour rafler les motos des fans
“L’homme doit s’adapter à toutes les situations”, dit-on. Apparemment, cette bande de malfrats a très bien appris cette leçon. En effet, avec les temps qui courent où tout le monde est sur le qui-vive, les braquages à mains armées, les cambriolages, les embuscades… comportent beaucoup de risques. Ces bandits ont opté pour un autre modus operandi, en tout cas moins risqué, consistant à ériger des parkings fictifs lors des grands rassemblements (concerts, meetings…) pour ensuite enlever les motos et disparaitre dans la nature. La dernière du genre s’est déroulée le lendemain de la fête de Tabaski, précisément le 10 juillet 2022 sur la Place du Cinquantenaire au bord du fleuve Niger, lors du concert du jeune rappeur Malakey. La promptitude et le professionnalisme des enquêteurs du Commissariat de police du 1er arrondissement du district de Bamako, dirigé par le commissaire divisionnaire de police Siaka Traoré, ont permis de mettre le grappin sur les auteurs de cette forfaiture.
De sources policières, cette nuit-là, des inconditionnels du jeune talentueux Malakey étaient venus très nombreux assister au concert. C’est justement ce moment que cette bande de six voleurs a choisi pour opérer. Et d’ajouter que ces malfrats ont tout d’abord érigé un parking fictif pour engins à deux roues à l’entrée du concert incitant des centaines de jeunes à venir y garder leurs engins. Pire, ces gestionnaires de parking par circonstance exigeaient aux propriétaires des engins de ne pas cadenasser les engins afin, disent-il, de faciliter la gestion de l’espace dans le parking.
En contrepartie, ils leur remettaient un numéro attestant de la présence de leur engin dans ledit parking. Sans problème, les propriétaires acceptaient cette exigence. Ce qui fait qu’ils ont été donc nombreux à confier leurs engins aux gestionnaires de ce parking le temps de suivre le concert. Selon des indiscrétions qui nous sont parvenues, l’élément qui va compromettre toute l’opération, c’est l’arrivée de deux jeunes qui étaient à moto.
Lorsque ceux-ci ont voulu garer leur engin, un membre de la bande a exigé le paiement en avance des frais de parking qui s’élevaient à 500 Fcfa. N’ayant pas la monnaie, l’un d’eux a alors demandé à son second de rester au parking le temps pour lui d’aller chercher un opérateur de transfert d’argent afin d’y tirer l’argent du billet de concert et celui des frais de parking. Impatients d’attendre le jeune qui était parti chercher un transfert, les membres de la bande ont demandé à l’autre de procéder à un transfert au besoin, sous le prétexte qu’ils risquent de manquer de place au concert. Il fallait donc aller vite.
Le jeune, ne disposant pas de téléphone, a emprunté celui d’un malfrat pour appeler son camarade et l’inviter à transférer l’argent vers le numéro sur lequel il émet l’appel, mais ce dernier lui a répondu que l’affaire était déjà réglée et qu’il était même sur le chemin du retour. C’est bien cet élément qui va déterminer tout le reste de l’enquête comme pour dire que le crime parfait n’existe pas.
Selon nos sources, lorsque le concert battait son plein et que personne ne songeait à eux, les malfrats ont procédé à un tri des motos en très bon état et les ont enlevées pour disparaitre dans la nature, laissant les autres motos sans la moindre surveillance.
Avant la fin du concert, un propriétaire de moto est sorti avec son reçu en main et a tenté de récupérer son engin. Mais aucune trace des gestionnaires du parking en question. Après une longue attente, il a constaté qu’aucun des six gestionnaires du parking n’était présent et pourtant sa moto était bel et bien garée. C’est ainsi qu’il a décidé de s’adresser à un policier qui était présent sur les lieux. Ce dernier aussi a constaté les faits et a remarqué que les autres parkings à proximité étaient bien tenus et sans histoire.
Il a alors compris que cette histoire n’était claire. Ainsi, il a pris l’initiative d’amener les engins restants au Commissariat de police du 1er arrondissement de Bamako, dirigé par le commissaire divisionnaire de police Siaka Traoré, où une enquête a été ouverte.
Au sortir du concert, les autres propriétaires de motos ont appris la nouvelle et se sont rendus au commissariat pour leur engin. Au cours de l’interrogatoire, l’un des propriétaires s’est rappelé qu’il avait passé un appel avec le téléphone d’un membre de la bande.
C’est ainsi qu’avec l’exploitation de ce numéro, les enquêteurs sont parvenus à localiser et appréhendé le détenteur du numéro le mardi 12 juillet 2022, au Grand-marché de Bamako. Soumis au feu des questions, il a accepté de coopérer pour ne pas endosser, tout seul, la responsabilité de cette forfaiture. Il a dénoncé ses complices dont deux d’entre eux ont été arrêtés.
Notons qu’au total 12 motos ont été déclarés volées, mais Bathily et ses complices ont reconnu qu’ils ont enlevé seulement six. Des investigations, il ressort que celui qui était chargé de l’organisation et de la supervision des parkings de fortune lors des évènements était au courant de l’existence du parking fictif. Il savait donc que les gestionnaires du parking en question n’avaient aucune autorisation de la mairie. Mais puisque la bande lui avait promis quelque chose à la fin du concert, il a décidé de garder le silence sur l’existence de ce parking. C’est ainsi qu’il a été interpelé pour complicité.
Poursuivis pour “association de malfaiteurs, vol en réunion et abus de confiance”, ils méditent sur leur sort entre les quatre murs de la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako.
Boubacar PAÏTAO