Institut d’Économie et Rurale : le départ massif à la retraite des chercheurs inquiète !

L’Institut d’Économie Rurale (IER) a ouvert les travaux de la 31ème session de son comité de programme. Organisée du 23 au 27 juin 225 à Bamako, cette session a rassemblé les chercheurs, les experts, partenaires techniques et institutions régionales pour évaluer les orientations de la recherche agricole au Mali et poser les bases d’une programmation plus cohérente et efficace. Cependant, le départ massif à la retraite des chercheurs inquiète les spécialistes du domaine et aura des répercutions directes sur l’avenir notre agriculture si les autorités ne prennent pas le devant. Donc le patron de l’IER, Dr Khalifa Traoré tire la sonnette d’alarme.
Faire de la science un atout dans le développement agricole au Mali tel est le crédo de l’IER.
Ainsi son comité de programme joue un rôle central dans l’architecture scientifique de l’IER. Il vise à harmoniser les priorités régionales avec le programme national de recherche, à examiner les nouvelles propositions et à statuer sur les résultats destinés à être vulgarisés.
Dans son allocution d’ouverture, le directeur général de l’IER, Dr Khalifa TRAORÉ, a salué l’engagement des partenaires nationaux et internationaux en ces termes « Malgré les multiples défis auxquels notre pays est confronté, l’IER reste déterminer à jouer pleinement son rôle dans la dynamique du développement agricole. C’est grâce au soutien indéfectible de nos partenaires, à la compétence de nos chercheurs et à l’engagement du personnel que nous continuons à avancer ».
Le responsable a également exprimé sa profonde reconnaissance envers le Centre National de Recherche Scientifique et Technologique (CNRST), le Comité National de la Recherche Agricole (CNRA), les universités maliennes et les institutions régionales telles que l’INSAH, l’ICRISAT, l’IITA ou encore le WorldVeg. Il a salué l’apport inestimable des experts ressources qui accompagnent la recherche depuis plusieurs décennies.
Plus de 219 000 kg de semences produit en 2024…
Cette session intervient dans un contexte particulièrement tendu : insécurité, pénuries d’intrants, départ massif à la retraite de chercheurs, inondations de parcelles expérimentales, équipements scientifiques insuffisants, et raréfaction de certains financements extérieurs.
« Ces difficultés ne doivent pas être des freins, mais des opportunités de résilience. Notre responsabilité est d’innover et de renforcer les collaborations pour continuer à produire des solutions durables.» a laissé entendre Dr Traoré.
L’année écoulée a vu l’IER produire plus de 219 000 kg de semences, dont 77 000 kg de semences de base et 121 000 kg de semences certifiées, appuyant ainsi la campagne agricole nationale. L’institut a mis au point de nouvelles variétés, des techniques culturales adaptées et a renforcé la protection phytosanitaire et environnementale.
Plus de 42 000 acteurs agricoles ont été formés dans divers domaines entre autres, nutrition, compostage, lutte biologique, sélection variétale, transformation agroalimentaire avec une participation féminine notable de 38 %. L’IER a également encadré 584 stagiaires, et 39 agents sont engagés dans un parcours diplômant (doctorat, master ou licence).
Par ailleurs, le directeur a mis l’accent sur le défi lié à la baisse de fertilité des sols dans le Mali-Sud, appelant à une mobilisation scientifique accrue autour du projet de carte de fertilité, financé par un prêt de la Banque Islamique de Développement. « Il est impératif de produire un outil d’aide à la décision, rigoureux et utilisable, pour faire face à l’acidité croissante des sols et garantir la durabilité de notre agriculture. » a-t-il expliqué.
Le forum régional sur le Système de Riziculture Intensive (SRI), tenu en mai 2025, a été un autre temps fort de l’année. Treize pays d’Afrique de l’Ouest y ont pris part afin de mutualiser les efforts autour de la filière rizicole. L’événement, soutenu par la coopération Allemande, a connu la participation de hautes autorités et diplomates.
Enfin, le Directeur Traoré a tenu à féliciter les équipes de terrain, les ONG partenaires, les GIE, ainsi que le Programme de Résilience pour la Sécurité Alimentaire (PRSA) qui a doté l’IER de cinq véhicules, renforçant la mobilité dans les zones difficiles d’accès.
Cette 31ème session marque un jalon important pour renforcer la pertinence et l’impact de la recherche agricole malienne, avec une ambition clairement réaffirmée : mettre la science au service des producteurs, de la sécurité alimentaire et du développement durable.
Mariam KONE