10 décembre 2024
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Gambie : Adama Barrow, un retour dans l’incertitude économique

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banjul gambie

banjul gambieLe président élu a finalement rejoint Banjul ce jeudi. Au programme : relever les immenses défis économiques auxquels le pays doit désormais faire face.

« Je suis un homme heureux » déclaré Adama Barrow a sa descente de l’avion le ramenant du Sénégal où il s’est réfugié depuis le 15 janvier avant d’ajouter « cela faisait partie du combat et je pense que le pire est terminé ». Le nouveau chef de l’Etat « résidera chez lui jusqu’à nouvel ordre » plutôt qu’à la présidence, où la force de la Cédéao, sous commandement sénégalais, a installé son état-major, a indiqué mercredi son porte-parole, Halifa Sallah.

Un retour triomphal

Le nouveau chef de l’Etat a demandé la poursuite de l’opération militaire de la Cédéao, en attendant de s’assurer du contrôle effectif des services de sécurité et du territoire. Il souhaite notamment que la force ouest-africaine tente de découvrir les éventuels stocks d’armes ou les « mercenaires » favorables à Yahya Jammeh qui se trouveraient encore dans le pays, a indiqué le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza. Adama Barrow a également demandé à ces troupes, dont 4.000 ont déjà été engagées dans l’opération (sur un effectif maximum de 7.000) de rester six mois, une décision qui appartiendra aux responsables militaires de la Cédéao, a-t-il ajouté.

Adama Barrow, qui a prêté serment le 19 janvier dernier à l’ambassade de Gambie au Sénégal, se prépare à prendre les rênes d’un pays divisé. Si le chantier politique reste l’urgence des premiers jours, avec la nomination lundi 23 janvier d’une vice-présidente, Fatoumata Jallow Tambajang, reste que la situation économique du pays est plus que jamais tendue.

Une économie exangue

Selon un rapport de l’ONU sur le développement humain (2014), 60 % de la population gambienne vit dans la pauvreté, dont le tiers avec moins de 1,25 dollar par jour. L’agriculture est la première ressource – arachide, millet, maïs, manioc – devant la pêche et le tourisme. Le secteur de l’arachide, jadis premier produit d’exportation, a connu des difficultés ces dernières années.

Malgré de nombreux progrès en termes d’infrastructures (routes, télécommunications, écoles), le bilan économique et social demeure faible. En 2014, le RNB par habitant s’élevait à 460 dollars, selon la Banque mondiale. Le pays accueille chaque année quelque 50 000 touristes venus essentiellement de Grande-Bretagne et des Pays-Bas, attirés par les plages de sable fin du pays.

Faute de vision sur le long terme, le déficit budgétaire s’est creusé, atteignant les 7 % du PIB en 2016. Les revirements de Yahya Jammeh ainsi que la dernière campagne électorale n’ont fait qu’accentuer ces difficultés. L’épidémie d’Ebola a touché de plein fouet le secteur touristique, avec 60 % de baisse d’arrivées en 2014. Ce secteur a redémarré progressivement en 2015. Les revenus transférés par les migrants travaillant à l’étranger représentent environ 20 % du PIB. Le sous-sol gambien contient des ressources (bauxite, phosphate et pétrole) qui ne sont pas exploitées.

Le FMI est déjà intervenu en 2012 pour aider le gouvernement à assainir son économie avec 30 millions de dollars. Cela n’a pas suffi à résorber le déficit de l’État. Pour lui éviter la faillite, l’institution financière a mis en place un programme de suivi personnalisé (SMP) en avril 2015. Et en échange le gouvernement de Jammeh devait mener des réformes structurelles. Avec des réserves de changes en chute libres, le déficit budgétaire a rapidement atteint 9,6 % du PIB en 2015. Enfin, la Gambie s’est retirée du Commonwealth (groupe d’anciennes colonies britanniques) en 2013, organisation que le gouvernement gambien a qualifiée de colonialiste et a annoncé en mars 2015 l’abandon de l’anglais comme langue officielle.

La relance économique, comment et avec qui ?

Adama Barrow peut à son retour compter sur la mission de la Banque mondiale qui va étudier les moyens d’assister le nouveau gouvernement. La directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal Louise Cord a déclaré à l’issue d’une audience, lundi, à Dakar, avec le nouveau président gambien Adama Barrow « le souhait d’assister le nouveau gouvernement gambien sur les questions macro-économiques ».

Un soutien des institutions économiques alors qu’Adama Barrow, entrepreneur, rêve de lancer son agence de développement. Il a présenté ce projet lors de sa campagne. Il s’agit d’un hub, regroupant les compétences et expertises. « Pour s’assurer que le pays exploite pleinement ses potentialités à mon entrée en fonction, j’ai déjà demandé la création d’un groupe d’experts, réunis au sein de l’Agence pour un développement socio-économique durable (Assed, en anglais) », précisait-il dans un communiqué publié le 27 décembre.

L’Assed va comprendre « un noyau de sept experts dans les domaines politique, civil, économique, social, culturel et environnemental pour coordonner la mobilisation des experts devant préparer le plan de développement qui va remplacer celui du gouvernement sortant », selon ce texte. Elle va mutualiser les compétences « pour formuler des plans de développement sectoriels de notre programme de développement triennal 2017-2020 ».

Source: afrique.lepoint

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