Le PM Soumeylou Boubéye Maiga au QG EPM hier : « Nous avons décidé de reporter les élections législatives. »
Le Premier ministre, Soumeylou Boubéye Maiga, a rencontré, hier lundi, aux environs de 17 heures, au QG de l’alliance électorale Ensemble Pour le Mali (EPM), l’ensemble des présidents des partis membres de l’EPM avec à sa tête Dr Bokary Tréta. Au menu des échanges, l’apaisement du climat politique et social et la gestion adéquate des élections législatives.
Au cours de ces échanges entre alliés politiques, le PM Soumeylou Boubeye Maiga a clairement annoncé le report des élections législatives, initialement prévues pour fin novembre 2018. Une annonce qui a surpris plus d’un responsable des partis politiques présents dans la salle. Autrement dit, sans aucune consultation préalable, le gouvernement a pris la lourde décision de reporter les élections… aux calendes grecques.
Report des législatives et risque de vide constitutionnel…
« Pour l’agenda des élections législatives, en concertation et en accord avec le président de la République, nous avons décidé de les reporter. Je serai obligé de l’annoncer demain pour que le processus qui est en cours de préparation puisse être suspendu. D’autant plus que les présidents des groupes parlementaires ont demandé à me rencontrer ; ce que je vais faire demain. Nous allons devoir revoir le calendrier électoral de manière à parachever le découpage territorial pour que toutes les populations puissent participer aux élections au même moment et éviter les mécontentements. Je suis en concertation avec la Cour Constitutionnelle… », a justifié le Premier ministre. Une décision jugée « unilatérale » et que ne partagent pas les leaders de la classe politique de la majorité, réunis au sein de l’EPM. En leur nom, le Dr Bokary Tréta a exprimé ses vives inquiétudes face à ce report et les risques auxquels ils s’exposent en cas de violation de la Constitution dont les pouvoirs publics tirent leur légalité et leur légitimité. Car, expliquera Bokary Tréta, cette situation, hors-constitution, va affaiblir la majorité et expose le président IBK à des manifestations de rues. « Notre majorité souhaite que notre gouvernement tienne ces élections dans le délai constitutionnel. Surtout après l’avis contraignant de la Cour Constitutionnelle. Monsieur le Premier ministre, vous savez bien, notre opposition non républicaine a un projet machiavélique pour notre pays. Si d’aventure nous sortions du délai constitutionnel, sans encadrement juridique, il y a des risques au motif que notre pouvoir ne repose plus sur la Constitution. C’est un grand risque sur lequel je voudrai attirer votre attention. », a averti Dr Bokary Tréta.
…qui permettra au chef de l’Etat de légiférer par ordonnance…
Elus pour 5 ans, le mandat des parlementaires maliens prend fin le 31 décembre 2018. Le Premier ministre avait saisi la Cour Constitutionnelle, le 10 septembre dernier, afin d’obtenir une prorogation du mandat des députés à l’Assemblée Nationale. Sa requête a été jugée irrecevable par l’Institution que dirige Manassa Dagnoko pour « inconstitutionnalité ». Un avis qui n’est apparemment pas du goût du Premier ministre de « pleins pouvoirs », Soumeylou Boubeye Maiga, qui a décidé de ne pas se plier à la décision des 9 Sages. Le président de la République, IBK, le gardien de la Constitution, ferme les yeux et semble aveuglément faire confiance dans la stratégie du chef du gouvernement. Une stratégie qui, si elle fonctionne, donnera à l’exécutif de légiférer par ordonnance en l’absence d’un parlement légitime. Et ce, même pour les questions cruciales comme les réformes institutionnelles. A suivre…
Habi kaba Diakité
Source : L’Enquêteur