OCCUPATION ETRANGERE DE NOTRE PAYS : Les chefferies traditionnelles resserrent les rangs pour dénoncer la France
Le président de l’association des conservateurs pour le renforcement et la sauvegarde de la chefferie traditionnelle au Mali (ACRTM), Elhadj Moussa Bamoye Traoré, à la tête d’une forte délégation, s’est rendu la semaine dernière dans la famille fondatrice de Bamako à Niaré où il a rencontré le patriarche Souleymane Niaré, le cadet du Djamanatigui Elhadj Dramane Niaré, en présence de ses conseillers.
Les discussions ont porté sur comment valoriser la chefferie traditionnelle, les élections de juillet et l’occupation étrangère de notre pays par l’ancienne puissance colonisatrice, à travers la Minusma et Barkhane, force militaire française. A l’issue de cette rencontre, les violons semblent s’être accordés pour libérer le pays par nos autorités coutumières, derniers remparts pour sauver notre patrie et lutter contre l’insécurité. Voici les temps forts de cette entrevue.
Depuis le déclenchement de la crise politico-sécuritaire dans notre pays en 2012 et qui s’est soldé d’un coup d’Etat contre ATT et le début de l’opération Serval en janvier 2013, la France ne cesse d’affaiblir l’Etat malien et de déchirer le tissu social pour mieux s’implanter afin de faire main basse sur nos ressources et nos richesses au nom de la recherche de la paix. Aujourd’hui, la France n’hésite pas faire chanter ou menacer les autorités légitimes en place et même monter les communautés les unes contre les autres. Face à cette situation inacceptable et humiliante, les chefferies traditionnelles sont en rang serré pour dénoncer la France.
Après l’intronisation du patriarche Dramane Niaré en octobre 2016 en présence du président IBK, comme le Chef de la famille fondatrice officielle de la ville de Bamako, le pouvoir traditionnel ne cesse d’être valorisé. Et, afin de s’imposer pour faire respecter la tradition.
C’est dans cette dynamique qu’une association créée en 2014 pour valoriser l’autorité traditionnelle dans notre pays, dénommée association des conservateurs pour le renforcement et la sauvegarde de la chefferie traditionnelle au Mali (ACRTM). Elle est dirigée par Moussa Bamoye Traoré, frère ainé de l’ancien ministre de l’Agriculture sous ATT, Seydou Traoré.
« La situation actuelle que vit notre pays nous inquiète et nous interpelle tous. Car en réalité, notre pays n’existe pas aujourd’hui. Les délimitations coloniales sont là mais la réalité sur le terrain est tout autre. C’est pourquoi nous, membres de l’association des conservateurs pour le renforcement et la sauvegarde de la chefferie traditionnelle au Mali, avons décidé de venir voir les familles fondatrices de Bamako pour qu’ensemble notre pouvoir ne soit bafoué et aussi de trouver les voies et moyens pour éviter la recolonisation de notre pays par les occidentaux. », brandit comme un manifeste le président de l’association. M. Traoré regrette que l’on ait envahi notre pays au nom d’une prétendue lutte contre le terrorisme. « Avec cette recolonisation voilée, on oblige nos autorités à aller aux élections. On parle d’élection si le pays existe et si les autorités ont un contrôle sur l’ensemble du territoire. Mais si on doit aller aux élections dans ces conditions, c’est pour affaiblir le tissu social et renforcer la position de l’ennemi ou des envahisseurs pour nous recoloniser. »
Selon le vieux Bamoye Traoré, la France est trop présente au Mali et a implantée ses multinationales de façon progressive. Car la crise sécuritaire montée de toutes pièces est un business très lucratif pour l’Etat français et ses partenaires, révèle-t-il dans son intervention. « Les lampadaires bleus qui jalonnent la route de l’aéroport Bamako-Sénou à la place de l’indépendance et de l’ambassade de France au niveau du monument des Martyrs à la Tour d’Afrique en passant par le premier pont… Je vous dis que nous ne sommes pas indépendants. Nos hommes politiques ont montré leurs limites. L’Etat aussi. Donc, il faut faire recours aux autorités coutumières pour contrer la montée en puissance de la domination extérieure. C’est pourquoi que nous sommes venus voir la famille fondatrice de Bamako pour mettre en place une stratégie afin de sauver notre pays. Nous sommes déjà sous domination étrangère ; évitons que nos progénitures ne soient recolonisées. », avertit-il avant d’appeler à l’union.
« C’est dans l’union que l’on pourra sauver le Mali. Pensons à l’histoire de Logosabouciré, du fort de Médine lors de la pénétration française au Soudan. Avec l’avènement de la démocratie, nous avons détruit tout notre système de défense et de sécurité. Maintenant, la pénétration française, c’est à travers le Sahara. Elle est retournée pour s’installer dans la durée. Seul le peuple est souverain pour stopper ce projet de domination, de recolonisation et de pillage de nos ressources. Donc, il faut une formation idéologique de la jeune génération pour libérer le pays. » a expliqué à l’assistance Bamoye Traoré. Qui renchérit : « dans son projet machiavélique, la France n’est pas seule. Elle a embarqué l’Union européenne et les Nations Unies. »
Selon lui, la France est mêlée à toute déstabilisation dans le monde. « Partout où tu entends rébellion, c’est la France. Les termes comme islamistes, terroristes, moudjahidine, Al Qaida…Ca, ce sont les Américains !» C’est pourquoi il dira : « les Américains ont fermé Guantanamo. Mais qui a vu de ses yeux la libération d’un seul prisonnier ? C’était un camp de formation idéologique. Tous les anciens détenus de ce triste célèbre camp sont en mission sur les théâtres des opérations à travers le monde. Ouvrons bien les yeux. Personne ne fera cette guerre à notre place. La France et ses partenaires sont là avec leur agenda. Donc, ayons notre propre agenda ! », conclut le visiteur du jour.
Très touché, le représentant de la famille fondatrice de Bamako, Souleymane Niaré a remercié Elhadj Bamoye Traoré et sa délégation pour cette initiative patriotique. A son tour, il dira que la chefferie traditionnelle a été torpillée depuis 1958 avec la loi-cadre quand le Mali a voté le « OUI » lors du referendum sur instruction de Modibo Keita pour ne pas aller à l’indépendance immédiate (contrairement à ce qu’a fait Sékou Touré de Guinée) avant de basculer dans le socialisme d’humeur en 1962 contre la même France. « Ce basculement a beaucoup impacté sur la chefferie traditionnelle dans notre pays », a-t-il fait savoir aux hôtes du jour.
« Maintenant, cherchons à regrouper toutes les chefferies traditionnelles du pays. Autrement dit, les Djamanatigui et les chefs de cantons afin de travailler pour la réunification du pays. Nous ne sommes contre personne. Mais nous n’accepterons pas que des étrangers viennent nous piétiner chez nous. Nous n’avons peur de personne. Nous ne sommes ni élus, ni nommés, encore moins salariés de qui que ce soit. C’est un fait de Dieu si nous sommes chefs et Dieu nous suffit. Nous allons faire tout notre possible pour jouer notre partition et aider notre patrie. Sinon, la situation actuelle du pays nous coupe le sommeil. On est obligé aujourd’hui de faire un regard rétrospectif sur le passé pour aller de l’avant. Donc, faisons tout pour aider nos autorités à sortir notre pays de l’impasse. Je soutiens votre démarche et, ensemble, faisons des propositions concrètes et un plan d’action rapidement pour mettre en branle notre stratégie. Sinon, l’Etat seul ne peut rien. », a conclu Souleymane Niaré. Pour terminer, Bamoye Traoré a promis au patriarche des Niaré la tenue d’une rencontre très prochainement pour la matérialisation de cette initiative citoyenne et mais à la limite ultranationaliste.
Habi Kaba Diakité