Pacte de l’ONU sur les migrations: vague de désistements à la réunion de Marrakech
Les 10 et 11 décembre se tient à Marrakech une réunion internationale destinée à ratifier le Pacte de l’Onu sur les migrations. Ce texte, non contraignant, se veut une sorte de «guide des bonnes pratiques» en matière de migrations.
Mais plusieurs pays, notamment européens, ont annoncé qu’ils n’enverraient aucun représentant à Marrakech pour signer ce document qui provoque aussi une crise politique en Belgique.
Approuvé par plus de 190 pays en septembre 2016 lors de l’assemblée générale des Nations unies, le pacte recense des principes – défense des droits de l’homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale – et une vingtaine de propositions pour aider les pays à faire face aux migrations en facilitant l’information, l’intégration des migrants et l’échange d’expertise. Il est le fruit de plusieurs mois de négociations et lors de sa mise en chantier, Etats-Unis excepté, bénéficiait d’un large consensus .
L’Europe se désolidarise des migrants
Mais plusieurs pays conduits par des coalitions de droite qui ont fait campagne sur des thématiques xénophones ou identitaires, ont annoncé qu’ils ne seraient pas représentés à Marrakech. Cette semaine, la Lettonie a rejeté le pacte, venant s’ajouter à la Hongrie, l’Autriche, la Pologne, la République tchèque, la Bulgarie et la Slovaquie. L’Italie, qui vient d’adopter une loi controversée durcissant sa politique migratoire, a elle gelé sa signature. Et en Belgique, l’opposition des nationalistes flamands au texte a provoqué samedi soir une crise au sein de la coalition au pouvoir puisque le N-VA a quitté la coalition.
En France, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) s’est opposée à ce texte qu’elle qualifie de « pacte avec le diable », déplorant le « silence quasi absolu » sur ce pacte, qu’elle qualifie de « nouvelle étape dans la submersion (migratoire) organisée de notre pays ». Elle a réaffirmé son opposition au pacte samedi à Bruxelles, en compagnie de Steve Bannon, ancien stratège de Donald Trump, en marge d’un meeting avec le parti nationaliste flamand Vlaams Belang. Pour Les Républicains, la secrétaire générale du mouvement Annie Genevard réclame un débat au Parlement.
Le gouvernement français sera représenté à Marrakech par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. Emmanuel Macron, qui avait apporté son soutien au texte lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, a préféré renoncer. Il faut rappeler que en marge du mouvement des « gilets jaunes », le spectre d’une immigration incontrôlée dans le cadre du pacte des Nations unies avait agité les réseaux sociaux.
« L’UE ne compte plus en tant que telle », a regretté cette semaine Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Affaires européennes du Luxembourg, qui se rendra lundi à Marrakech pour adopter le document, après les annonces de désistement de plusieurs pays européens. « L’Europe doit être solidaire… S’il y a un thème à traiter par les Nations unies, c’est bien la migration, car il faut une coopération entre les pays de départ, les pays de transit et les pays de destination. Elle ne doit pas laisser la charge reposer sur deux ou trois pays qui sont la frontière », a t-il souligné.
Blocage des Etats-Unis, affrontements à Ottawa
D’autres pays comme Israël, l’Australie, la Républicaine dominicaine, ont également annoncé qu’ils ne seraient pas présents à Marrakech. A Ottawa, au Canada, des affrontements ont opposé identitaires de groupes d’extrême droite et forces de l’ordre samedi 8 décembre. « Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d’immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c’est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin », a assuré le Premier ministre canadien Justin Trudeau qui sera présent à Marrakech.
Le Pacte mondial sur les migrations vise « à faire progresser la gouvernance mondiale aux dépens du droit souverain des Etats à gérer leur système d’immigration », dénonçait en fin de semaine la mission diplomatique américaine à l’ONU. Le gouvernement des Etats-Unis n’avait pas signé le Pacte en 2016.
RFI