Mali : la CEDEAO met fin aux sanctions économiques et financières
Les Chef d’Etat de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, réunis, ce dimanche 3 juillet, en sommet extraordinaire à Accra au Ghana, ont décidé de mettre fin avec effet immédiat aux sanctions économiques et financières infligées au Mali en début d’année.
Les relations diplomatiques et les échanges commerciaux, entre le Mali et ses voisins de la CEDEAO, reprennent enfin, après six mois d’interruption. Les dirigeants de l’organisation sous-régionale, réunis dans la capitale Ghanéenne, ont décidé à l’unanimité la levée des sanctions économiques et financières qu’ils avaient infligées au Mali, le 9 janvier dernier. Toutefois, cette mesure est assortie de certaines réserves de la CEDEAO, envers les autorités de la Transition malienne. Il s’agit surtout de la non-participation des autorités de la Transition aux futures consultations électorales qui devront, selon le chronogramme publié par le gouvernement malien, marquer la fin de la transition et acter le retour à l’ordre constitutionnel.
En prenant une telle décision, la CEDEAO contraint les autorités de la Transition à se conformer à la Charte révisée de la Transition qui stipule à son article 9 que « le Président et les membres du gouvernement ne sont pas éligibles à la présidentielle et les législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition ». La position de la CEDEAO conforte une partie de la classe politique malienne qui, après la promulgation de la nouvelle loi électorale, craignait une candidature du Col Assimi Goïta ou d’un autre membre de la Transition à la présidentielle. Ce nouveau texte contient des germes ouvrant la voie à une probable candidature du colonel Assimi Goïta ou d’autres membres de la junte à l’élection présidentielle qui mettra fin à la transition en cours. Il s’agit surtout de l’article 155 de la nouvelle loi électorale qui dispose que « …toutefois, pour les élections pendant la Transition, les membres des Forces armées ou de sécurité qui désirent être candidat aux fonctions de Président de la République, doivent démissionner ou demander leur mise en retraite au moins quatre mois avant la date de l’élection présidentielle marquant la fin de la Transition ».
Mais, ces réserves émises par les Chefs d’Etats de la CEDEAO font déjà jaser parmi les soutiens des militaires au pouvoir : « C’est le peuple Malien qui choisit démocratiquement le Président qu’il désire », a posté sur les réseaux sociaux, Hassane Sidibé, membre du Conseil National de Transition.
Si la CEDEAO a décidé de la levée des sanctions avec effet immédiat, les sanctions individuelles ont été maintenues contres tous les membres du Conseil National de Transition et ceux de l’exécutif, sauf le Ministre des affaires étrangères et le Président de Transition. Malgré ces réserves, il faut noter que la levée de l’embargo est une bouffée d’oxygène pour le peuple malien.
Les sanctions de la CEDEAO, faut-il noter, ont été levées suite à d’énormes efforts, en terme de garantie,consentis par les autorités maliennes. Il s’agit surtout de l’adoption et la promulgation d’une nouvelle loi électorale, assortie de l’adoption d’un chronogramme électoral consensuel, un calendrier électoral détaillantles dates des réformes institutionnelles et la tenue de plusieurs scrutins électoraux. La publication d’un chronogramme électoral avec des garanties d’application, constituait la condition sine qua non pour les chefs d’Etats de la CEDEAO qui en ont toujours fait une exigence pour lever les sanctions.
Ces sanctions, levées avec effet immédiat, constituent déjà une lueur d’espoir pour les échanges commerciaux entre le Mali et ses voisins. Déjà des compagnies aériennes annoncent qu’elles vont desservir le Mali dès ce mardi. Outre les vols commerciaux, les camions remplis des produits, les transactions financières qui étaient interdites à cause de l’embargo, vont franchir dès ce lundi les frontières du Mali. En tout cas, la reprise et la normalisation des relations diplomatiques et économiques, entre le Mali et les pays de la CEDEAO sont saluées par toutes les couches socioprofessionnelles à la veille de cette fête de Tabaski.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net