10 décembre 2024
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UNTM : Kefing Kanté, le syndicaliste incompris !

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Kefhing Kanté1

 

 

 

Kefhing Kanté1« Je ne suis pas satisfait des conditions dans lesquelles vivent les travailleurs maliens. »

En disgrâce depuis le dernier congrès avec le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), M Yacouba Katilé,   le jeune leader syndicaliste incompris par certains, M hefing Kanté, non moins secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’Agence Nationale Pour L’Emploi (ANPE),

rompt le silence. Dans une interview qu’il nous a accordée au siège de notre journal. L’enfant terrible de Kayes nous parle de ses premiers pas dans le monde syndical, il rend hommage à feu Siaka Diakité son mentor et fait des révélations sur l’ANPE, revient sur les péripéties du dernier congrès de l’UNTM, ses relations avec Yacouba Katilé, etc. Lisez plutôt.

Quand et comment avez-vous embrassé le monde syndical ?

J’ai été recruté à l’ANPE en 2008. Avant cela, j’avais commencé à embrasser le monde syndicaliste en 2006, à la faveur du volontariat de l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ) où nous avions mis une association des volontaires en place pour réclamer notre insertion professionnelle dans l’administration. C’est comme cela que j’ai été retenu à l’ANPE où j’ai trouvé un dispositif syndical. Mais en 2011 précisément, j’ai intégré le bureau présidé par le camarade feu Siaka Diakité qui était le secrétaire général du comité syndical de l’ANPE. C’est grâce à lui que j’ai occupé le poste de secrétaire adjoint chargé des sports toujours aux côtés de Siaka Diakité. Je précise que c’est auprès de lui que j’ai pris véritablement goût au syndicat.

L’Enquêteur : aujourd’hui vous représentez quel syndicat ?

D’abord sachez que je suis membre de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) car mon comité est affilié à la section de l’administration générale qui est aussi affiliée au SYNTADE (Section syndicale des travailleurs de l’administration d’Etat) qui est un syndicat national également affilié à l’UNTM. Je suis élu le 3 juin 2014 secrétaire général du comité syndical de l’ANPE et en avril 2015 j’ai été réélu secrétaire général de la section de l’administration générale du SYNTADE. Ensuite ces mandats ont été renouvelés en 2018 au niveau du comité syndical. J’ai été réélu secrétaire général du comité syndical le 10 avril 2018 au niveau de la section de l’administration général et en juillet 2018 à la tête de la section de l’administration générale à la faveur de l’uniformisation des calendriers proposés par l’UNTM. C’était un véritable parcours. Aujourd’hui, je suis le secrétaire général du comité syndical de l’ANPE et le secrétaire général de la section des services de l’administration générale, SYNTADE.

L’Enquêteur : êtes-vous favorables à l’unité syndicale au Mali ?

Bien sûr ! Retenez tout d’abord que la force d’un syndicat c’est son unité. La preuve est que dans la devise de l’UNTM, on parle de l’unité, la solidarité et l’action. Donc, je suis un farouche défenseur de l’unité syndicale en République du Mali.

Je suis avant tout un défenseur des réformes du monde syndical. Rien ne peut marcher sans qu’on propose aux militants qui nous font confiance des outils nécessaires pour leur épanouissement. C’est-à-dire leur proposer des outils de gestion plus concrets, qui sont adaptés à leur réalité. Je pense que c’est cet engagement qui est plus important pour faire adhérer les militants aux outils de défense des intérêts de la République. Il faut que les gens comprennent que le syndicalisme repose sur la légalité. Faisons recours aux outils proposés par l’Organisation Internationale du Travail pour pouvoir organiser le monde syndical. Sur ce plan, le Mali est en retard par apport à la mise en œuvre de ces outils de gestion pour pouvoir encore clarifier notre monde syndical. Il y a beaucoup à faire, car il nous faut aller sur cette base mais retenons que cela aussi ne peut pas aller sans la formation des militants voire même des acteurs du monde syndical. C’est des préalables que nous devons prendre en compte. Pour le moment, ceux qui me suivent sont bien d’accord avec ce que je suis en train de leur proposer.

L’Enquêteur : quels sont les blocages que vous avez eu concernant votre candidature ?

J’ai proposé ma candidature à la faveur du congrès du SYNTADE. C’est cette candidature qui a été le facteur déclencheur de ce qui vient d’arriver comme crise qui s’est installée entre le SYNTADE et notre organisation. Cette candidature n’avait pas pour but de faire partir le camarade sortant, c’était plutôt stratégique car nous sommes des jeunes syndicalistes. Il fallait que nous soyons représentés au Conseil national du SYNTADE pour proposer aussi notre méthodologie. Mais apparemment, le candidat sortant n’a pas apprécié cette candidature et les irrégularités ont été constatées. C’est ainsi que j’ai été victime de sanction (suspension pour une durée indéterminée de toute activité syndicale en République du Mali), que nous voulons bien dénoncer auprès des autorités compétentes. Je profite pour ajouter encore que notre candidature avait pour objectif de fusionner les énergies et les esprits afin de donner un élan plus favorable au SYNTADE.

L’Enquêteur : quel était votre rapport avec feu Siaka Diakité l’ancien leader de l’UNTM ?

C’était mon idole syndicale. La preuve, comme suggéré préalablement, j’ai été formé par lui pour. Sinon, j’ai grandi sous son ombre.

L’Enquêteur : après un moment de crise au sein de votre syndicat, quels sont vos rapports avec l’actuel secrétaire général Yacouba Katilé ?

J’ai rencontré le camarade Yacouba Katilé en 2013, à la faveur de la crise électorale qui a éclaté entre lui et Siaka. Je rappelle qu’en ce moment encore j’étais sous sanction et c’est lui qui m’a aidé à sortir de ça. Je ne pouvais pas comprendre là aussi que Siaka, Secrétaire général de l’UNTM, les travailleurs de l’ANPE étaient rémunérés en deçà du SMIG. Cette situation aussi, je l’ai dénoncée. Une manière de me ranger du côté de Yacouba. Dès lors, nous avons promis de travailler ensemble honnêtement.

L’Enquêteur : On vous accuse d’avoir voulu saboter les dernières assises de l’UNTM. Que dites-vous de ses allégations ?

Je suis accusé d’avoir saboté la grève de l’UNTM des 9, 10 et 11 janvier 2019, je profite pour dire que je suis un fervent membre de la défense des intérêts moraux et matériels des travailleurs en République du Mali partout où il y aura besoin. Sachez que cette allégation contre ma personne est fausse.

L’Enquêteur : êtes-vous satisfaits des conditions de vie des travailleurs affiliés à votre syndicat ?

Je ne suis pas satisfait des conditions dans lesquelles vivent les travailleurs maliens. Car les travailleurs de notre pays méconnaissent encore les règles qui régissent l’organisation et le fonctionnement de leur organisation ce qui pose énormément de problème. Rares sont ceux qui sont simplement immatriculés dans les services sociaux de base pour bénéficier de la protection sociale en dehors de leur rémunération. Il faut une stratégie pour assurer les cas de maladies professionnelles des travailleurs mais aussi les régimes de retraite. Tout cela constitue des insuffisances dans le cadre du traitement de l’ensemble des salariés maliens.

L’Enquêteur : des informations font état d’un bras de fer entre vous et le Directeur général de l’ANPE à travers la mutation forcée de certains de vos collègues et vous-même. Pouvez-vous nous donner des éclaircissements sur tout cela ?

Bras de fer ? c’est trop dit. Je ne pense pas que ça soit un bras de fer. Mais c’est plutôt une rupture du dialogue entre la direction et le comité syndical de l’ANPE qui a abouti au dépôt d’un préavis de grève. Le directeur l’a perçu comme un affront et c’est lui-même qui a nommé son représentant syndical au détriment du comité syndical légalement élu par le personnel du service. De cette date à aujourd’hui, il n’y a plus eu de dialogue entre la direction et le comité syndical. Cette même situation a entrainé le non-paiement des allocations familiales et l’irrégularité des paiements des salaires. Les salaires ne sont pas en retard mais ils sont payés comme « la pluie à Bamako » quand Lafiabougou a la pluie, Sébénicoro ne reçoit aucune goutte. Le personnel ne reçoit pas les salaires aux mêmes moments à travers les différentes banques ce qui a aussi provoqué une frustration à certains niveaux. Lorsque le comité syndical a revendiqué ses droits, le directeur a procédé à des mutations des membres du comité syndical dont moi-même et de façon illégale.

L’Enquêteur : Un mot sur l’actualité nationale …

J’appelle les militants de l’UNTM à l’union, à la solidarité et à l’action autour des évènements qui se passent actuellement dans notre pays. Il faut obligatoirement un sursaut national autour de ce qui passe au centre du Mali. J’invite les autorités à prendre des décisions courageuses pour mettre notre pays à l’abri d’une catastrophe.

Propos recueillis par

Aliou Badra DOUMBIA

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