17 janvier 2025
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Coopération Militaire : les accords de défense signés entre le Mali et la France sont ils devenus caducs ?

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Le départ des forces Barkhane et Takuba du Mali est imminent ! Le divorce est il consommé entre Bamako et Paris ?  La réponse à cette interrogation est affirmative.

Venue en fanfares, sous les cris de détresse des autorités de la transition en janvier 2013, conduite par le Pr Dioncounda Traoré, l’armée française vient d’être chassée du Mali  par la transition dirigée, par le Col. Assimi Goita et ses hommes ce vendredi 18 février 2022 pour manquement à ses engagements et faute de résultats sur le champ de bataille dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et aussi la stabilité de l’Etat Malien. Les  légionnaires français sont priés de plier bagages sans délai. Cette annonce a été faite à travers un communiqué lu à la télévision nationale par le porte parole du Gouvernement de la Transition, le Ltd Col. Adboulaye Maïga. Une décision courageuse et patriotique saluée par les populations maliennes.
Le pacte qui régit la présence militaire française au Mali est devenu caduc ! L’Etat malien ne veut plus voir l’armée coloniale sur son sol.
Au Mali, l’histoire se répète ! Le président Modibo Keita  après avoir proclamé l’indépendance du Mali, le 22 septembre 1960, avait réclamé dès janvier 1961 le départ des troupes françaises du territoire malien, rendant caducs les accords de défense signés quelques mois auparavant entre les deux Etats.
Avec l’arrivé de colonel Assimi Goita en faveur du second coup d’Etat du 24 mai 2021, le Mali a changé le fusil d’épaule en faisant appel aux instructeurs Russes pour aider l’armée malienne à mener à bout les groupes armés et libérer le territoire national. En quelques mois de coopération militaire Russo-malienne, les FAMA multiplient les succès sur les théâtres des opérations en libèrant toutes les localités du pays qui étaient sous le joug des terroristes. Jalouse des exploits militaires et la montée en puissance de l’armée malienne sous le leadership des jeunes colonels au pouvoir, la France refuse la relecture de l’accord de défense entériné le 16 juillet 2014 à Bamako, lors de la visite du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, demandée par l’Etat malien et elle  décide de façon unilatérale de retirer ses troupes  du territoire malien dans un délai de 4 à 6 mois. Surpris par cette décision prise le Jeudi 17 Février 2022 par le  président français Emmanuel Macron, l’Etat malien n’est pas passé par quatre chemins, il a poliment  invité les Autorités françaises à retirer, « sans délai », les forces Barkhane et Takuba du Mali,  sous la supervision des Autorités maliennes. Cette annonce va-t-elle rendre caducs les accords militaires signés entre les deux pays 2014 ?  En tout cas, les autorités maliennes sont décidées à aller jusqu’au bout pour le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Mali.  

Que dit l’accord de défense…

C’est dans un contexte d’urgence et d’échanges de lettres entre Paris et Bamako, le 11 janvier 2013, que le Pr Dioncounda Traoré, président de la Transition avait demandé à son homologue Français, François Hollande un appui aérien mais pas de troupes au sol comme prévoyait le partenariat sécuritaire entre la France et le Mali était jusqu’alors défini par un accord de coopération technique, signé en 1985, qui prévoyait la possibilité d’envoyer des soldats français pour des missions de formation ou dans le cadre d’opérations, encadrées par le commandement de l’armée malienne. Cette demande d’assistance a donné naissances à l’opération Serval avec l’envoi de 4.000 légionnaires français pour combattre le terrorisme et stopper leur avancée sur le sud. Cette opération a abouti  à un nouveau pacte sécuritaire, signé par échange de lettres en mars 2013, confère un statut juridique aux forces françaises pour faciliter leur intervention sur le sol malien. Il sera officialisé le 16 juillet 2014 entre les deux pays. Cet accord militaire prévoit de « concourir à une paix et une sécurité durables (…), notamment par la sécurisation des espaces frontaliers et la lutte contre le terrorisme ». Il permet également l’accès au territoire malien, « y compris ses eaux territoriales et son espace aérien », avec le consentement préalable de l’État. Prévu pour une durée de cinq ans, ce traité est reconduit de manière tacite. Il est néanmoins précisé que « les Parties peuvent, à tout moment et d’un commun accord, amender par écrit le présent traité », comme le demande aujourd’hui le gouvernement malien.

Les faits….

Depuis l’arrivé des cinq colonels au pouvoir en mai 2021, rien ne va entre Paris et Bamako. C’est dans ce  contexte de tensions accrues les autorités de transition  ont demandé, le dimanche 16 janvier dernier, la révision des accords de défense qui lient les deux pays. Paris a joué à la sourde oreille en qualifiant nos autorités d’illégales et d’illégitimes.
Paris ira plus loin en influençant la décision de la CEDEAO et de l’UEMOA en imposant un embargo économique sur le Mali le 9 janvier 2022 en représailles à l’embargo le Mali aussi a fermé   toutes ses frontières (aériennes et terrestres et même fluviales) à ses voisins à l’exception de la Guinée Conakry, de la Mauritanie et de l’Algerie.  
Le 12 janvier, Bamako a dénoncé une « violation » de son espace aérien par un avion militaire français ayant effectué la liaison entre Abidjan et Bamako, fustigeant une « manœuvre frauduleuse ». L’armée française a pour sa part affirmé n’avoir reçu aucune information quant à d’éventuelles restrictions de vols et fait valoir les accords de défense liant les deux pays.
 Dés lors, le survol du Mali par des appareils militaires entrant ou sortant de son espace aérien (en provenance des États ouest-africains ou s’y rendant) est remis en question par le gouvernement malien, notamment les vols de la Minusma et de la France.   

Les vols réguliers des aéronefs de l’ONU au Mali ont été « suspendus temporairement » dans l’attente de résultats de discussions avec les autorités maliennes sur de nouvelles procédures. Donc avec cette décision prise le vendredi 18 février par le col Assimi et ses hommes ont décidé de mettre un terme à la présence militaire française au Mali. Barkhane et Takuba vont se retirer définitivement du territoire malien par ricochet les forces onusiennes de la Minusma qui sont sous protection de l’armée française. L’avenir nous en dira la suite de cet événement historique.

Habi Kaba Diakité

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