Mohamed Sidibé, président de la communauté malienne en Guinée interpelle les autorités : « Ah oui il y’a une difficulté majeure ! C’est les tracasseries sur le tronçon Conakry-Bamako »
Bicéphalisme au sein du haut conseil des maliens de Guinée, tracasseries routières entre Bamako et Conakry, guéguerre entre éleveurs maliens et agriculteurs guinéens, conflit frontalier, Mohamed Sidibé, président de la communauté malienne en Guinée interpelle les hautes autorités des deux pays pour régler ces problèmes épineux qui ternissent l’image du bon voisinage. Dans cette interview l’operateur économique malien Mohamed Sidibé, basé à Conakry, nous parle de sa relation avec son prédécesseur, le transitaire Alou Traoré dit ATT, du sacrifice du
nouvel ambassadeur du Mali à Conakry et recadre le CSDM qui veut rivaliser avec le HCME. Bonne lecture.
Pouvez-vous vous Présenter à nos lecteurs ?
Je suis Mohamed Sidibé, président de la communauté malienne en Guinée et vice président du Haut conseil des maliens de l’extérieur. Je suis transitaire de profession.
Pouvez-vous nous parler un peu de la mission du Haut conseil des maliens de l’extérieur ?
Le Haut conseil des maliens de l’extérieur (HCME) est créé pour défendre les intérêts moraux et matériels des maliens de l’extérieur. Moi, j’agis conformément aux objectifs du haut conseil qui consistent à rassembler l’ensemble des maliens dans une seule organisation pour parler d’une seule voix ensuite raffermir le lien de fraternité entre le pays d’accueil et le Mali. J’ai le devoir de porter assistance à tous les maliens en détresse, en mal avec la justice et faire en sorte que notre pays soit dignement représenté, que les lois et règlements du pays d’accueil soient respectés ; c’est ça les objectifs de notre organisation. Nous sommes un organe consultatif auprès de la mission diplomatique dans le cadre de la gestion des maliens de l’extérieur.
Président, où en sommes-nous avec le bicéphalisme que traversait le haut conseil des maliens de Guinée ?
Il y’avait une mésentente qui durait depuis un peu longtemps. Nous sommes allés aux élections en 2016, je dirai qu’il n’y a pas eu de perdant ni de gagnant puisque c’est la démocratie qui a gagné, c est la communauté malienne qui a gagné. C’est suite à ces élections que j’ai été élu président. Par la suite, mon prédécesseur et moi avons tenté de collaborer, mais il y’a eu des incompréhensions. Avec l’arrivée de Monsieur Modibo Traoré comme ambassadeur du Mali, les choses commencent à renter dans l’ordre. Ce dernier nous a approchés et a su trouvé un cadre consensuel. Donc depuis un certain temps, nous parlons de la même voix. La communauté malienne de Guinée a retrouvé son unité, sa cohésion, et Alou Traoré et moi-même avons mis de côté nos rivalités, nos différences. Nous avons regardé dans la même direction dans l’intérêt de la communauté du Mali. Je pense que cet acte, nous le devons à la volonté des uns et des autres mais surtout à l’implication personnelle de l’ambassadeur. Depuis son arrivée, il est très difficile de dire entre lui et moi lequel est ambassadeur lequel est président, tant nos relations sont conviviales et empreintes d’une complicité dans la gestion des affaires de la communauté. M. l’ambassadeur est soucieux d’être avec les maliens. Il va dans les cérémonies ; Il va dans les cimetières. Il est parfois plus fréquent dans le social que moi-même. C’est pourquoi, je dis aujourd’hui que notre collaboration est si étroite et si sincère qu’il est difficile de distinguer en Guinée ici le président des maliens de Guinée de l’ambassadeur. Qu’il en soit remercié.
Quelles sont les difficultés auxquelles nos compatriotes sont confrontés en Guinée ?
Ah oui il y’a une difficulté majeure ! C’est les tracasseries. Sur le tronçon Conakry-Bamako, il y’ a énormément de tracasseries, énormément de barrages, et à chaque barrage, il faut que les maliens payent ; c’est la même règle pour les guinéens. On est obligé de payer. Ce qui se fait présentement sur le tronçon Conakry-Bamako, je le dis haut et fort, sort du cadre de l’accord qui unit les deux pays. Parce qu’il y’a un accord d’établissement entre le Mali et la Guinée qui stipule que les maliens et guinéens jouissent des mêmes avantages et droits dans les deux pays. Malheureusement, si au niveau de nos hautes autorités, l’esprit de l’accord est respecté, sur le terrain, ce n’est du tout le cas pour les agents en charge de la migration. Vous allez vous rendre compte que d’ici à Kouremalé, (frontiere) il y’a une dizaine de barrages. Donc ça c’est le problème majeur. Nous avons écrit, nous avons dénoncé mais le problème demeure.
C’est l’occasion d’interpeller nos autorités pour qu’elles y trouvent une solution.
Le second problème qui est tout à fait naturel, c’est le problème éleveurs/ agriculteurs. Il y’a énormément de bétails maliens qui sont sur le territoire guinéen si bien que les éleveurs maliens font l’objet d’expulsion de la part des autorités guinéennes. Cela est une entrave à la libre circulation des personnes et de leurs biens. Nous nous sommes battus mais le problème il demeure. Nous avons sollicité la visite du ministre guinéen en charge de l’élevage, qui a exprimé son vœu de rencontrer son homologue du Mali pour en discuter sous la direction de l’ambassade qui se bat pour trouver une solution. Je lance un appel à nos autorités pour qu’elles fassent ce déplacement pour régler ce problème qui devient récurrent. Aussi, souvent, y a-t-il des altercations au niveau des frontières ; le haut commandant de la gendarmerie nous a toujours rapprochés, et ensemble nous avons trouvé des solutions. En dehors de ces problèmes cités, les maliens vivent avec leurs frères guinéens en parfaite harmonie. Personne ne peut faire la différence entre malien et guinéen à Conakry.
Quel appel avez-vous à lancer à la communauté malienne ?
De façon générale, je souhaite que les maliens de l’extérieur se donnent la main. Qu’ils renoncent à des querelles de clocher qui n’arrangent généralement que des petites gens. L’unité des maliens est une nécessité et cela doit se faire dans le cadre du haut conseil des maliens de l’extérieur sous la tutelle du président Habib Sylla qui se bat beaucoup pour le haut conseil et pour l’unité des maliens. Parce que c’est la conférence nationale qui a initié la création du haut conseil comme une organisation représentative et fédérative des maliens de toutes les associations. Le CSDM est une organisation comme toute autre association qui a ses objectifs qui a son agenda. Mais le haut conseil demeure la représentation nationale des maliens de l’extérieur.
A.B.D